Entraîneur des gardiens de Genève-Servette, Sébastien Beaulieu l'avoue: «Je suis surpris de ne pas avoir encore entendu une mauvaise histoire sur le sujet, un portier qui aurait dû être amputé d'un testicule par exemple. Parce que recevoir un puck dans les parties intimes est tellement violent.»
Le gardien du LHC en a fait la douloureuse expérience récemment. Lors du 2e acte de la finale des play-off contre les ZSC Lions, Connor Hughes a soudain grimacé sous son casque. Panique chez les supporters vaudois: le portier du Lausanne HC, excellent depuis deux semaines, est-il blessé?! Non, il y avait autre chose: le numéro 31 avait simplement reçu le puck entre les jambières.
Sur le plateau alémanique de MySports, l'ex-gardien Marco Bührer a compati. Un autre portier nous a dit que lui aussi avait vécu ce genre de mésaventure durant sa carrière. «Put*** que ça fait mal», a-t-il commenté par message, sans avoir besoin d'ajouter d'émoticônes. «Je n'ai joué que jusqu'à 18 ans, mais je me souviens encore très bien chaque fois que c'est arrivé, ajoute Sébastien Beaulieu. En général, un gardien reçoit quatre ou cinq pucks à cet endroit par saison. Ca ne l'empêche pas d'avoir des enfants, mais quand ça arrive, c'est une horreur. C'est long à faire passer et on ne peut rien faire. Il faut juste se mettre sur le dos et attendre.»
On pourrait croire qu'avec son plastron, son masque et ses jambières, le gardien est entièrement protégé. Mais ce n'est pas le cas.
«Le matériel a beaucoup évolué depuis dix ans, mais il y a encore quelques zones du corps qui sont vulnérables», poursuit l'entraîneur.
La raison est très simple: si le gardien doit être protégé, il doit aussi être mobile. «Tu ne peux pas avoir une armure complète», schématise Sébastien Beaulieu. Entre le pubis et la jambe, tout comme entre l'épaule et le bras, l'équipement est moins rigide afin de permettre au portier d'être souple dans ses mouvements, et donc réactif. Mais ce gain en mobilité l'expose fatalement aux frappes des attaquants adverses (celles-ci peuvent atteindre les 160 km/h).
Le matériel a pourtant beaucoup changé. Jusqu'à il y a une quinzaine d'années, le dernier rempart n'avait qu'une coquille et du tissu.
Aujourd'hui, l'équipement est plus rigide et plus conséquent. Il protège l'aine ainsi que la ceinture.
Mais il suffit que la coquille se déplace lorsque le gardien effectue un arrêt, ou que la rondelle arrive sur le côté, pour que la protection perde en efficacité et le portier, en virilité.
Le dernier rempart semble être condamné à offrir son corps à la science, mais ce n'est pas tout à fait vrai. «S'il est en contrôle de son geste et de son arrêt, s'il effectue un mouvement qu'il a prévu sur une action qu'il a anticipée, il a peu de risques de recevoir le puck au mauvais endroit, rappelle Sébastien Beaulieu. Les problèmes surviennent lorsque le gardien est un peu en perte de contrôle, qu'il est surpris, ou en retard.» Dans ce cas, ça ne pardonne pas.